La ritournelle n’est pas neuve mais cela faisait un moment qu’on ne l’avait pas entendue : la cigarette électronique donne le cancer ; comme la clope normale.
Avec ce genre de phrase péremptoire, les millions de fumeurs se disent : « à quoi bon ? ». Des études foireuses, on en a eu des tas. Mais cela devient de plus en plus difficile d’arriver à la conclusion suivante : « l’e-cig est plus dangereuse que la clope » ou, comme ici « le risque de maladie pulmonaire ou cardiovasculaire est élevé ». C’est pourtant ce tour de force qu’a réussi Hyun-Wook Lee, « chercheur » de l’université de New York. Appelons un chat un chat, un criminel. Ou un idiot. Nous n’avons pas encore de méthodologie exacte pour distinguer les deux en 2018 et j’invite tous les scientifiques du monde entier à en trouver une pour tester Hyun-Wook Lee. Étudions donc l’étude ou plutôt ce qui en fait une fake news.
Tout d’abord, son étude Canada Dry (ça ressemble à une vraie étude, ça a le goût d’une vraie étude et c’est publié mais ce n’est pas une vraie étude) va à l’encontre de centaines de travaux sérieux qui vont tous dans le même sens. Comment, en recherchant les mêmes choses, on peut arriver à des résultats si différents ? En se penchant sur l’étude elle-même. Quand on veut arriver à démontrer quelque chose, l’effet de la nocivité de telle ou telle molécule sur un organisme, on divise en deux un groupe. Il y aura le groupe témoin, qui ne sera pas exposé à la molécule et un autre, qui le sera. Jusqu’ici, tout va bien. On parle d’un groupe de rats, et c’est le premier problème. Rat, humain, il ne s’agit pas d’exactement la même chose. Mais bon, peu importe. Il faut voir le reste du protocole, plutôt gratiné comme nous allons le voir.
Hyun-Wook Lee manque de temps. Et l’étude ultime qui mériterait d’être publiée, c’est tout de même celle qui dit que sur le long terme, la cigarette électronique c’est aussi dangereux que la clope. Parce que c’est vendeur coco, ça fait le buzz, même pour une étude scientifique, au même titre que Closer vend plus en mettant plus en couverture les larmes de Laetita Halliday que celles du petit Théo, privé d’argent de poche parce qu’il a pris une vache d’amende dans le train.
Revenons à nos moutons, que fait Hyun-Wook Lee ? Il imagine un protocole stupide en extrapolant une vape de dix ans sur quelques semaines. Donc, les rats vont prendre cher. Tenez-vous bien : chaque rat a pris entre 20 et 30.000 aspirations de vapeur nicotinées par jour ! Google vient de me dire qu’un cycle respiratoire humain est d’environ 12 à 20 cycles minute, autrement dit aux alentours de 4300 cycles par jour. On peut imaginer que le rat respire plus rapidement, beaucoup plus. Autant dire que pendant les 12 semaines, les bestioles n’ont pas pris une respiration autre que celle de la vapeur. Tout ceci évidemment pour créer 10 ans d’utilisation de cigarette électronique. En occultant totalement le fait que le corps humain, ce formidable organisme de traitement des déchets se débarrasse progressivement de pas mal de saloperies à partir du moment où on lui en laisse le temps. Je pense qu’un rat exposé à n’importe quelle molécule à chaque respiration finit par crever assez rapidement. Même de l’eau, cette bonne vieille H2O. Imaginez consommer en 12 semaines ce que vous buvez en 10 ans. En réalité, Hyun-Wook Lee n’a rien fait d’autre que du gavage d’oie. C’est déjà une grosse surprise que les rongeurs ne soient pas décédés avant la fin de l’expérience, je trouve ça même plutôt encourageant !
Troisième ineptie de l’étude et pas des moindres. Je viens de vous parler du second groupe test, les rats vapoteurs. Logiquement, le premier groupe aurait du être exposé à de la fumée de cigarette, étant donné que la cigarette électronique est censée remplacer la clope. Que nenni ! Le premier groupe a été exposé à… de l’air filtré ! Et c’est vraiment en découvrant cela qu’on se demande si Hyun-Wook Lee n’est pas malhonnête. Non seulement il expose des rats à un environnement qui n’a rien à voir avec les conditions normales d’utilisation mais en plus il compare ce qui n’est pas comparable. Le premier groupe était constitué de rongeurs qui ont sans doute été les rats de labo les plus à l’aise de tout New York. Ils avaient peut-être même Netflix et le haut débit. Imaginons un seul instant des bestioles même plus grosses, la taille compte, pour lesquelles chaque aspiration serait une diffusion de nicotine par combustion. Je ne maltraite pas les animaux donc je n’ai pas envie de me lancer dans le meurtre de rongeurs, mais je suis sur qu’au lieu de tenir 12 semaines, l’expérience s’achève au bout d’une demie-journée.
Hyun-Wook Lee semble passer outre ce qui semble élémentaire.
Bien évidemment, tous les scientifiques qui se sont penchés sur la cigarette électronique depuis des années lui tombent dessus à bras raccourcis. Mais le mal est- fait. Dans les boutiques de cigarette électronique, c’est devenu un des sujets de conversation ; bonne nouvelle, c’est moins délirant qu’il y a quelques années. C’était un peu comme Paranormal, le film. Flippant à souhait et au final, rien d’horrible. Le vrai sujet de flip, c’est Hyun-Wook Lee. Un seul type, dans son labo, Dr Folamour, arrive à générer une psychose mondiale en générant un doute sur un accessoire qui peut sauver des centaines de millions de vies dans ce siècle. Honte sur lui.